Le projet des élèves de 3ème C (2005-2006) du Collège Les Chalais
Devoir de mémoire, devoir d’histoire, désir de savoir Le site sur lequel vous allez naviguer rassemble quelques traces de travaux personnels et collectifs inscrits dans le projet pluridisciplinaire intitulé La Route de la Mémoire : Shoah, génocides, mémoires, Histoire. Il s'agissait d'appréhender la Shoah, mode de destruction humaine sans précédent, sans exclure les autres génocides, d'envisager ainsi une approche politique et réflexive du sujet, liée à l'éducation à la citoyenneté voire à l'idée d'humanité. Ce projet a été mené au collège Les Chalais de Rennes, collège de périphérie (quartier Bréquigny - Champs-Manceaux), et à la population multiculturelle. Dans le cadre de l'opération Ordi 35, la mise à disposition d'un ordinateur portable à chacun des élèves a permis : - des recherches d'information sur les supports multimédias (Internet, Encyclopédie…) ; - la constitution d'une base de données documentaires numérique (textes, photos, vidéos…) pour la réalisation des productions du groupe (exposition, album, site Internet) ; - le partage des données collectées pour tous les participants au projet ; - la gestion d'un " carnet de bord " individuel : support d'expression privilégié pour que chacun puisse, dès qu'il en ressentait le besoin, écrire ses motivations, émotions ou impressions. Le projet pédagogique, éducatif, social et culturel, ouvert sur l'extérieur, a été proposé par les enseignants d'Histoire et Éducation Civique, de Documentation, d'Éducation Musicale, de Français et d'Espagnol à une classe de vingt élèves de Troisième, âgés de 15 ans. Parfois eux-mêmes confrontés au racisme, ils se sont rapidement reconnus dans les difficultés de faire parfois du lien avec les autres et ont adhéré aux objectifs : - réfléchir sur le devoir, le travail et le désir de mémoire ; - concevoir la démarche de la mémoire comme une démarche vers l'autre et non un repli sur soi, en articulation avec le devoir d'histoire. Celui-ci repose sur l'enseignant de par sa fonction de transmission et d'accompagnement. Il consiste en l'utilisation des travaux et des réflexions les plus récents d'historiens (A. Wieviorka, G. Bensoussan, Chr.R. Browning…), de documents d'archives de natures différentes dans le cadre de l'apprentissage de l'analyse et du discours critique de l'historien, et en la recherche documentaire partagée avec les élèves ; - réfléchir sur les relations aux autres et les conditions concrètes d'une culture de la paix à l'échelle des individus (soi même et l'autre), du collège, du quartier, de la société. Tout au long de l'année, les jeunes adolescents ont envisagé la discrimination, l'antisémitisme, le racisme, la violence et la non-violence. Des personnes de l'Union des Associations Interculturelles de Rennes (UAIR) leur ont parlé des génocides au Cambodge et au Rwanda. Jacques Sémelin, Professeur à Sciences-Po - Paris, est venu s'entretenir avec eux des massacres et génocides au XXe siècle et de l'action non-violente. L'actualité a nourri la démarche, voire l'a questionnée : violences dans les quartiers, actes d'antisémitisme. A aucun moment le soutien des parents et l'investissement des jeunes, le partenariat du Contrat de Ville ne se sont démentis. Plus nous avancions, plus les notions du vivre, construire et exister ensemble apparaissaient bien comme une évidence, comme une nécessité. Au cœur du projet, les rencontres avec les " témoignages vivants " et le voyage de mémoire au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau (1er décembre 2005) ont été très précieux bien que délicats par l'émotion impliquée. Le voyage a été rendu possible grâce aux soutiens financiers et organisationnels de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, du Mémorial de la Shoah et de la Fédération Nationale André Maginot. Il a nécessité une préparation intellectuelle et émotionnelle que les enseignants ont pris en charge. Le travail sur le ressenti du retour a été également important. Il s'est effectué en concertation avec une psychologue qui a écouté les élèves et a apporté conseil aux enseignants. Les échanges autour de la mémoire et de l'histoire avec les témoins survivants des camps se sont avérés riches, entre adultes et adolescents, entre adultes eux-mêmes. Jean Courcier, déporté à Mauthausen, Violette Jacquet, déportée à Auschwitz-Birkenau, Francine Christophe, déportée à Bergen-Belsen et Rachel Jedinak, enfant cachée, sont intervenus en alliant émotions et réflexions. Plus particulièrement, Magda Hollander-Lafon, déportée de Hongrie avec sa mère et sa sœur à Birkenau, rentrée seule, a accepté de rencontrer et d'accompagner les adolescents, tout au long du projet, entre autre avant et après le voyage de mémoire. Très vite, comme nous l'espérions, un lien fort s'est établi entre Magda et les jeunes. Elle n'a eu de cesse de les inviter à exprimer leur émotion, à parler, à ne rien garder, à avoir confiance en eux, à aller vers la vie, vers l'espoir. Enseigne-t-on après ou contre Auschwitz ? Magda, elle, de par son histoire, essaie d'aller au-delà d'Auschwitz… Un soir de fin d'hiver, lors d'une rencontre publique dans une bibliothèque municipale, entièrement animée par les jeunes auprès des habitants du quartier du collège, Magda a conclu en leur disant : " Vous avez été enseignés. Ce soir c'est vous qui avez enseignés aux autres. C'est super ! " Belle lumière sur la mission fondamentale de transmission de l'École et sur des adolescents producteurs et transmetteurs de mémoire et d'histoire. L'équipe pédagogique du projet La Route de la Mémoire et l'animateur Ordi 35 Collège Les Chalais - Rennes Année scolaire 2005-2006
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[mailto:laroutedelamemoire.chalais@laposte.net]
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La route de la mémoire
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Magda Hollander-Lafon et les élèves de la classe, lors d’une des quatre rencontres.
Au Mémorial de Caen, Audrey lit le registre réservé aux visiteurs et s’apprête à rédiger quelques mots.
A Birkenau, les élèves de la classe écoutent les explications de l’historien Tal Bruttman.
Lauren regarde les photographies de l’Album d’Auschwitz.
Une table ronde sur “Littérature et Shoah” organisée au CDI du collège.
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